Signé Le Corbusier
Les opéras et grands théâtres aux impressionnantes colonnes grecques n’étaient pas pour moi. Leurs escaliers monumentaux paraissaient réservés à une élite bourgeoise et intellectuelle ; sans doute étaient-ils dessinés ainsi à cet effet.
Dans la Maison de la culture conçue par Le Corbusier, on entre de plain-pied dans un hall chaleureux, à dimension humaine, après avoir longé le terrain de foot du quartier où jouent les équipes de District. Les murs de béton brut, des salles offrant une incroyable proximité entre le public et la scène, une équipe consciente de travailler dans un milieu minier et ouvrier, une programmation certes exigeante mais toujours rendue accessible ; tout cela m’a ouvert sur un monde que je croyais fermé.
J'eus la chance de côtoyer les Alain, les Ali, les Krzysztof, les Tino, issus des différentes vagues d'immigration auvergnate, maghrébine, polonaise, italienne, appelées pour extraire le charbon au fond de la mine, à une époque où l'on n'avait pas besoin de lois particulières pour vivre ensemble le plus naturellement du monde, dans un joyeux mélange de cultures.
J’eus mon instant de fierté quand un appel fut lancé aux peintres amateurs de Firminy et que je pus exposer durant un mois deux ou trois toiles maladroites aux murs de la Maison de la culture.
J’eus deux ou trois ans de vie confortable en louant à l’office HLM un studio aux proportions admirables dans l’unité d’habitation dessinée par Le Corbusier.
J’eus beaucoup de chance, ces années-là.
La Maison de la Culture de Firminy (Photo T. C.) |